dimanche 6 janvier 2013

Chapitre II: Question sans réponse

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Thomasine saignait. Se tenant le genou avec la main pour éviter que le sang ne coule trop, elle traversa la cour en boitillant vers la maîtresse qui ne semblait pas avoir remarqué la fillette qui s’était étalé de tout son long sur le béton de la cour de récréation.

-Qu’est-ce que… ?

Les bras croisés sur son gilet jaune, la maîtresse regarda autour d’elle, comme si le temps avait pu être remonté et qu’elle avait pu savoir ce qu’il s’était passé. Thomasine avait juste trébuché en courant après Maé, son amoureux du moment. Bêtement, son pied s’était pris dans son jean trop large et elle s’était étalée de tout son long sur le béton trop dur de l’école primaire Rosa Bonheur.
 Ce n’était pas la première fois qu’elle s’écorchait car, Maé courait vite. Très vite. Mais pour la première fois, elle s’était vraiment fait mal. A 8 ans Thomasine, préférait jouer avec les garçons… ils posaient moins de questions, faisait moins de chichis… Mais elle n’en restait pas moins une fille ! Seule, à la maison, elle jouait à la DS ou lui préférait les Barbies, qui avaient l'avantage de la faire rêver de Ken et de prince charmant…
Pour le moment, elle attendait de la maîtresse,  pour qu’elle fasse cesser la douleur à l’aide de produits miracles et autres pansements magiques… L’institutrice la fit rentrer dans le hall vide de l’école. Les baskets de la fillettes collaient au lino vert et donnaient un rythme saccadé par le boitement que lui provoquait sa blessure. Mais la jeune femme qui l’accompagnait ne semblait y prendre garde. Elles longèrent le couloir du rez-de-chaussée passait devant la classe de CE2 de Mr Roziot, passèrent sous l’escalier qui montaient aux classes de Cm2, et arrivèrent enfin dans la salle des maîtres. Ce périple, lui semblait plus difficile qu’une épreuve de Fort Boyard, mais peu importe, dans quelques minutes, son calvaire serait terminé…

 Plus que la blessure, ce qui l’agaçait beaucoup, c’est qu’une fois de plus, elle n’avait rien vu venir: trois ans étaient  passés depuis la prédiction du car. Depuis elle avait prédit une noyade, la crise cardiaques de son père et pleins d’autres petits événements. Mais à chaque fois qu’elle tombait ou qu’elle était concernée par ce qui arrivait, elle n’avait aucune prédiction.

C’était stupide, et agaçant que son don ne soit réservé aux autres. Mais de toute façon, elle devait bien admettre que les choses étaient comme ça. De toute façon elle devait faire contre mauvaise fortune bon cœur. Elle avait une différence, qui faisait d’elle un être à part.
Pendant que l’institutrice préparait ce qu’il fallait pour la soigner, Thomasine s’imaginait être une fée, pouvant soigner son genoux rien qu’en le regardant. Elle savait que, dans sa famille, d’autres gens avaient des pouvoirs. Y-en avait-ils qui pouvaient soigner les blessures ? Assise sur sa chaise Thomasine ne cessait de regarder sa plaie et les différentes égratignures qu’elle avait le long du corps.

Elle avait passé ses trois dernières années à jongler entre ses prédictions et ses mensonges. Au début de chaque année scolaire, il fallait recommencer, dans une nouvelle école, de nouveaux camarades et de nouveaux instituteurs.  Sa mère préférait « agir par sécurité », même si probablement tout le monde, après sa première prédiction avait oublié cet évènement. Mais à chaque fois, c’était comme un déchirement pour elle de quitter les gens qui commençaient à compter pour elle. Madame Dupouille par exemple, elle, qui était là en train de la soigner, qui l’avait rassurée le soir où son père avait eu son accident cardiaque, qui lui avait essuyé les larmes de son premier 0 en dictée… Elle savait que l’année prochaine elle ne serait pas dans sa classe contrairement à la plupart de ses camarades

Elle observait son institutrice, tapoter sa plaie avec un liquide qui semblait arracher la peau de son bras.Le vernis rouge mal posé sur ses doigts, commençait à s’écailler. Quand elle leva les yeux vers son visage, elle la trouvait toujours aussi jolie, mais elle remarqua un regard triste sous sa frange brune.
Puis soudain, Thomasine ne sentait plus rien. Elle connaissait trop bien cette sensation. Depuis longtemps, Thomasine ne luttait plus et se laissait porter vers ces nouvelles images.
Elle voyait sa maîtresse tenant une petite fille tibétaine  dans les bras, des larmes roulant sur ses joues… Le regard triste de l’institutrice s’était mué en bonheur palpable.
 La petite fille, qu’elle tenait dans ses bras avait été baptisée Lisa par ses nouveaux parents. Les cheveux noirs de la fillette dépassaient d’une couverture bariolée. Elle devait avoir 7 ou 8 mois et souriait à tout va comme si elle avait conscience du nouveau monde qui l’attendait.


Mais très vite la vision disparue. La voix de la maîtresse la rappelait doucement vers le monde réel. :
-Thomasine, c’est fini, tu peux y aller, maintenant ça va se soigner tout seul  tu sais…
Mais la fillette était empreinte de cette vision. Elle observa la maîtresse ranger le mercurochrome et les pansements, dans sa longue robe verte, qui la faisait ressembler à une petite fille.

-       Lisa c’est un joli prénom, lâcha la fillette

Arrêter dans son élan, l’institutrice s’arrêta de se mouvoir, laissant le temps à Thomasine de prendre la poudre d’escampette. Madame Dupouille, hésita un instant à la rappeler, mais pour dire quoi? Elle finie de ranger les boîtes dans le placard à pharmacie, et un peu déboussolée par l’évènement fini par se persuader que tout cela n’était que le pur produit de son imagination…

Thomasine quant à elle savait qu’elle se devait à plus de prudence…

Arrivée dans la cour, elle se redressa pour regarder sa blessure en espérant y voir le présage d’un incident futur, mais elle n’y vit que  le pansement à tête de mickey. Au mieux elle devinait la coupure en dessous qui lui faisait encore mal. Essayant d’oublier la légère douleur de son genou, elle retourna jouer avec ses camarades.

         À la fin de la journée, lorsqu’elle rentra à la maison, il y avait une pile de livres posés sur son vieux bureau en chêne, que Thomasine devait classer avant les vacances : il y a eu ceux qu’elle devait garder pour l’année prochaine et ceux qu’il fallait rendre à Madame Mermet, la documentaliste, pour qu’elle puisse les prêter aux nouveaux CE2 l’année prochaine. Elle préférait s’y mettre tout de suite afin de pouvoir ensuite profiter des derniers rayons du soleil. Assise sur la moquette mauve, elle étudiait un par un, les différents livres, à la recherche de la petite fiche rose qui indiquait qu’elle devait le rendre à la bibliothèque de l’école. Le chaton poussa doucement la porte pour venir se loger dans le  fauteuil en osier qui ornait le coin de la chambre. C’était le dernier cadeau de son père pour la consoler de ce nouveau départ. Siméon n’avait que deux mois, mais semblait déjà avoir élu domicile dans la chambre acidulée de Thomasine. Le fauteuil de la fillette semblait être devenu son endroit de prédilection pour les longues siestes qu’il s’octroyait à longueur de journée.


Thomasine prenait son temps, elle avait l’impression que le temps n’avancerait pas si vite si elle le prenait. Demain, c’était le dernier jour de classe et à nouveau, elle perdrait ses amis… Et tout ça pour une raison qu’elle ignorait… Une sensation de colère envahit la fillette. Elle repensait à Maé son amoureux, Zoé, Eleona, Ambre, Jules, Alexis,  et madame Dupouille… Elle aurait aussi voulu voir sa tête à son retour du Tibet, son bonheur face à son nouveau rôle de mère, elle aurait voulu partir en classe de neige l’année prochaine… Elle feuilleta nerveusement un livre d’histoire qu’elle n’avait pas encore classé. Une page sur la fuite à Varennes du roi Louis XVI et sa famille attira son attention. Elle se souvenait d’avoir déjà lu ce passage avec sa classe au mois de décembre mais sans bien savoir pourquoi elle eu besoin de le relire. Elle s’enfonça dans le fauteuil, chassant d’un coup le chaton qui s’y était endormi.

21 juin 1791
La fuite à Varennes


Dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, une berline lourdement chargée s'éloigne de Paris. À son bord le roi Louis XVI, la reine Marie-Antoinette et leurs deux enfants, Madame Élisabeth, la soeur du roi, et la gouvernante des enfants.

Premiers déchirements

Onze mois plus tôt, le roi et son peuple célébraient ensemble la Fête de la Fédération. La Révolution semblait close et la monarchie constitutionnelle bien installé. Mais les relations entre Louis XVI et les députés de l'Assemblée constituante allaient très vite être confronté à la politique religieuse.

Le tribun Mirabeau suggère au roi qu'au cas où la collaboration avec le gouvernement révolutionnaire deviendrait impossible, il lui resterait la possibilité de quitter Paris pour prendre la tête de troupes favorables à sa cause et rentrer dans la capitale afin de mettre un terme à la Révolution.

Le tribun meurt le 2 avril 1791. Et le 18 juin, les Parisiens empêchent Louis XVI de quitter les Tuileries pour Saint-Cloud, où il veut fêter Pâque. Pour le roi, très pieux, c'en est trop. Encouragé par le comte suédois Axel de Fersen, il décide de mettre en pratique le conseil de Mirabeau et de rejoindre le quartier général du marquis de Bouillé, à Montmédy, près de la frontière avec le Luxembourg. Il sait que ses troupes sont dévouées à la monarchie.


Fuite maladroite

Le matin du 21 juin, quand la disparition du roi est constatée, l'alerte est donnée et le marquis de La Fayette, commandant de la garde nationale, envoie des courriers dans toutes les directions pour ordonner l'arrestation des fuyards. Entre temps, la berline royale prend beaucoup de retard sur l'horaire. Le soir, elle arrive à Sainte-Ménehould, en Champagne, mais le détachement de hussards envoyés par le marquis de Bouillé pour assurer sa protection n'est pas en selle.

Les villageois, intrigués par le remue-ménage, laissent partir la berline suspecte mais retiennent les hussards. Dans le même temps, le fils du maître de poste Drouet, mandaté par la municipalité, saute sur un cheval et, prenant un chemin de traverse, devance la berline à l'étape suivante, Varennes en Argonne. Il alerte les habitants et le procureur de la commune, l'épicier Sauce. Quand arrive enfin la famille royale, elle est arrêtée et invitée à descendre de voiture.

C'est le soir. Le tocsin sonne. Les villageois, menaçants, se rassemblent autour de la maison de l'épicier où sont reclus les prisonniers.

Louis XVI et la fuite à Varennes-sur-Argonne
(Paris, cabinet des Estampes)

Le 23 juin au matin, la berline reprend le chemin de Paris, escortée de trois députés. Elle entre à Paris deux jours plus tard, dans un silence funèbre, les badauds ayant ordre de ne pas prononcer un mot.

Le roi est ramené au palais des Tuileries et placé sous la«surveillance du peuple». Il est provisoirement suspendu de ses pouvoirs. Pour la bienséance, l'Assemblée qualifie la péripétie de Varennes d'«enlèvement» et non de «fuite». Mais la confiance entre la monarchie et la Révolution est brisée, d'autant plus que l'on soupçonne le roi de collusion avec l'étranger, voire de trahison.





Lorsqu’elle eu terminé sa lecture, Thomasine scruta l’image qui illustrait la leçon. Ces visages, ces expressions ; ces regards lui rappelaient vaguement  quelque chose.
Elle avait l’impression de connaître cette scène. Par ailleurs quelque chose dans l’image était faux. Elle pensait bien connaître cette histoire, mais quelque chose lui semblait injuste, faux et accusateur… Elle n’avait jamais pensé à ces êtres comme des êtres existants, ayant vécus mais là, elle avait la sensation de ressentir leur souffrance, leurs peurs et leurs douleurs. C‘était comme si elle avait donné vie elle-même au roi et la reine de France. Comme si elle était intime avec eux, comme si… Mais sa pensée fut interrompue par une image très fugace. Elle était une enfant, un bébé même dans les bras d’une femme qui semblait être sa mère. La douceur de la jeune femme ne laissait pas de place au doute quant à son rôle. La reine était là, avec une enfant à peine plus jeune qu’elle, elle percevait les boucles blondes des fillettes, le rire des jeunes femmes dans la douceur des jardins de Versailles…
Mais très vite l’image lui échappa.

C’était une vision. Une vision du passé mais une vraie vision. Elle avait vu le passé. Elle l’avait vécu, elle en était sure mais comment était-ce possible ? La reine Marie-Antoinette ? Sa fille ? Comment avait-elle pu vivre cela ? Elle en était sure, elle les avait reconnu, tout comme les jardins du château où elle n’avait pourtant jamais mis les pieds…
 La seule qui pouvait répondre était sa mère. Elle se devait de répondre maintenant, Thomasine devait comprendre !!!

Elle dévala les escaliers à la recherche de sa mère. Elle la trouva affairée à préparer une salade de tomate pour le repas du soir. Elle lui raconta sa vision, son impression d’importance de cette vision, la sensation de la soie sous ses doigts, le sourire jovial de la reine, ses boucles d’oreilles scintillantes dans le soleil des jardins de Versailles…
 Elle décrit avec exactitude cette sensation de réalisme que lui avait offert cette vision. Sa mère ne pouvait être que touchée par cette vision si excitante dans sa tête de petite fille.
Mais Philomène n’eut pas la réaction escomptée. Déjà, elle avait pris cet air fermé qu’elle avait dès que sa fille s’approchait de trop près de ce secret qu’elle ne voulait pas livrer. Elle continuait à couper la mozzarella sans lever la tête de façon à ne pas croiser le regard décidé de sa fille.
-       Tu ne peux pas tous prendre pour vision Tom… Tu lisais un livre peut-être as-tu eut une imagination un peu débordante.
-       Maman, tu sais que c’est faux, tu dois me dire la vérité,… Je…
-       Tom ça suffit.

Philomène releva les yeux. Son regard sévère se planta dans les yeux de sa fille.
-       Je t’ai déjà prévenue : je ne veux plus parler de ça ! Tu dois être une petite fille comme les autres, sinon, un malheur terrible…
-       M’arrivera ! termina la fillette, mais quel malheur maman ? Le malheur pour moi c’est d’avoir quelque chose en moi et de ne pas savoir ce que c’est. C’est comme si j’avais une maladie et que tu ne voulais pas me dire laquelle !!!!
-       Ça suffit Tom, tu ne me parles pas comme ça je suis encore ta mère.
La colère froide de sa mère n’arrêta pourtant pas la fillette
-       Une mère qui cache des choses importantes à sa fille !!! De quoi tu as peur ??? Hurla Thomasine.

Le bruit de la porte d’entrée qui claquait résonna dans toute la maison et une voix cria :
-       Bonsoir, mes petites femmes…

Alban Bastille avait toujours la même petite phrase depuis huit ans à chaque retour du travail. Il rentrait tard depuis la naissance de sa fille et détestait manquer ces moments en famille. Mais son poste de chef d’entreprise ne laissait pas de place pour ce luxe.

  Mais ce soir, une tension palpable régnait dans la cuisine.

-       Bonsoir, répondirent en chœur de façon glaciale la mère et la fille.
-       Assieds-toi, lui intima Philomène.

Alban eut l’air surpris du ton impératif qu’avait pris sa femme, mais il obtempéra.

-       J’ai changé d’avis, repris fermement Thomasine, je ne veux plus aller dans cette nouvelle école.
-       Tu sais que ce n’est pas possible Tom, repris son père, calmement.
-       Non, je sais que c’est possible, vous mentez ! Vous mentez toujours ! Je vous fais plus confiance, plus jamais ! De toute façon, je saurais, je vais découvrir les choses si vous ne voulez pas me le dire.
-       Ne parle pas comme ça à…. Commença sa mère, mais elle fut coupée par son mari qui lui jeta un regard transperçant.
-       Tout ça ce sont des mensonges, je te dis, repris Thomasine de plus belle, c’est décidé, je vous crois plus. Je n’irais pas à cette école, je ne bougerais pas d’ici !

Albin regardait sa fille et ressentit la colère qui la traversait. Albin Bastille était par nature plus calme et moins têtu que sa femme. Il n’avait jamais voulu se positionner au sujet du don de sa fille. Il ne jugeait pas ça comme un don mais comme une différence. Comme le jeune Amaury trois ans plus tôt, il considérait cela comme quelque chose qui n’avait pas plus de différence que des  yeux bleus ou la peau noire. Il n’avait jamais fait grand cas de cet aspect des choses. C’était sa fille, point. Mais il devait admettre qu’au-delà de ça, ils vivaient dans une société où la différence faisait peur, et celle de Thomasine n’était pas petite !!! Quant à Thomasine, elle avait toujours pensé que son père savait lui aussi des choses mais qu’il s’était tue pour respecter le secret de sa femme.
-       Tu pourrais te mettre en danger, Tom…Reprit elle
-       Mais quel danger ? J’ai bien gardé le secret jusqu’à maintenant !!! J’y ai bien réfléchi et c’est pour protéger votre peur que vous voulez me faire changer d’école mais moi je veux plus !

Thomasine remonta les escaliers en courant. Elle claqua la porte et s’écroula sur son lit en pleurs…. Siméon sursauta à cette entrée et vint se loger au creux de son flan comme pour la consoler.



         Elle entendait ses deux parents discuter vivement à l’étage du dessous. Ses sanglots cessèrent. Elle essuya ses larmes avec son pull en laine bleu puis elle entrouvrit la porte pour percevoir la discussion. Mais seules des bribes de mots lui parvenaient, elle se glissa discrètement sur la première marche et s’y assit.
 Elle se demandait parfois comment ses parents ne s’étaient jamais doutés de son stratagème. Elle n’était jamais descendue plus bas car elle savait que la seconde et la troisième marche craquait sous ses pas.
Mais déjà, la première bribe de phrases qu’elle entendit la terrorisait :
-       … Impossible… Solution… Déménager…
La voix de son père était bien plus perceptible car, sous le coup de l’énervement, il commençait à hausser le ton.
-       Non ! ça suffit Phil, on la prive de ses copains chaque année, ça fait cinq ans que tant bien que mal, elle s’adapte, elle se fait de nouveaux amis. Je n’ai jamais rien dit jusqu’à maintenant, mais on est en train de la rendre malheureuse !
-       Tu le sais Al, c’est le prix à payer ! ça fait 200 ans que chaque génération de nos familles vivent ça ! Nous aussi on a fait des sacrifices !
-       On était au courant depuis le début, on savait… Il faut lui parler pour la protéger.
-       On savait et ça ne nous a jamais protégé ! Si on parle Al, s’en est fini pour nous…
-       On a pu préparer nos vies Phil !
-       Je la protège, Ok ? Et si ça ne te plait pas…
-       C’est Tom qui a raison, il n’y a que toi que tu protèges dans cette histoire !

La fin de la phrase fut ponctuée par le claquement de la porte de la maison. Un sentiment de vide et de solitude envahit la fillette. Elle n’avait jamais vu ses parents se disputer aussi fort et elle ne savait pas s’ils allaient s’en remettre. Mais elle n’écarta pas non plus les paroles qu’elle avait entendues. Ça faisait 200 ans que sa famille était concernée. Mais concerné par quoi ? Et pourquoi ses parents avaient été concernés par ce secret ? Et pourquoi si son père voulait lui parler ne l’avait-il jamais fait ? Et pourquoi lui aussi était-il concerné ? Ce secret ne concernait-il pas uniquement la famille de sa mère. Thomasine devait admettre qu’étant donné la façon qu’avaient ses parents de parler du secret, elle ne devait pas attendre une réponse de leur part. Mais qui ? Elle avait déjà tenté d’interroger sa tante Lau, mais celle-ci ne lui avait répondu que par des phrases très troubles qui ne lui parlaient guère.
 Ses parents étaient fâchés avec leurs propres parents, cela remontait bien avant sa naissance. Elle n’avait jamais su vraiment pourquoi. Elle avait trouvé quelques vieilles photos de ses grands-parents , mais c’était tout. En dehors de la famille, elle n’avait jamais entendue dire que qui que ce soit avait été au courant. Pourtant à plusieurs reprises sa mère lui avait dit que « certains avaient parlé ». Mais qui l’avait fait ? Et à qui ? Et pourquoi cela les avait mis en danger ?

         Thomasine se coucha, mais ne dormit pas de toute la nuit. Elle attendait le retour de son père, mais elle n’entendit la porte ne grincer qu’au petit matin, lorsque les premiers rayons du soleil apparurent derrière les persiennes.

Elle pu enfin éteindre sa veilleuse et s’endormir dans le bruit de pas de son père rejoignant la chambre parentale.

Au petit matin Thomasine croisa le regard de sa mère, dès la sortie de sa chambre. Philomène emmitouflée dans grand peignoir, émit un sourire gêné à l’encontre de sa fille.   Elle savait qu’en cet instant toutes les deux éprouvait le même malaise. Puis sa mère repris son chemin vers la salle de bain et Thomasine pris la parole :
-       Et sinon hier vous avez fait quoi ?
Elle vit sa mère se retourner et lui jetant un air mi- surpris, mi-amusé, elle lui répondit :
-       Ton père est allé faire un tour, il avait besoin de faire du sport, quant à moi, j’ai repris mes cours de cuisine
-       Ah, bah, j’ai cru que c’était vos cours de théâtre. N’était-ce pas un  extrait de cette pièce… « Scène du IV chez les Bastilles », reprit-elle sur un ton ironique.
-       Je suis épaté par ta culture ma fille, lui répondit son père qui déjà était dans l’encadrement de la porte à rire de leurs retrouvailles difficiles.

Thomasine éclatait de rire bientôt suivi par ses parents. Ils ne purent s’en empêcher. C’était leur mode de fonctionnement, dès que l’un d’eux se disputait avec l’autre, seul l’humour les rapprochait.


6 commentaires:

  1. Bon moi je kiffe l'histoire et je suis impatiente de connaître la suite!

    Alors le mauvais com est celui là : pas facile de lire avec le fond derrière! Bon ok, c'est un mauvais com' de forme!

    Allez je vais partager!

    Bisous

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    1. oui Julie,je viens de m'en rendre compte.... Faut que je rectifie ça...

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  2. je viens de commencer... mais je dois tout de suite te faire une remarque constructive : évite les phrases longues, longues, longues !

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    1. Ah!!! Génial, je prend. Ok, Réduire les phrases c'est notée!!!

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  3. Comme dit sur ton autre blog, noir sur noir... ^^
    Moi j'aime bien aussi.
    Mon seul soucis c'est que je n'aime pas lire de long texte sur mon ordi du coup, il y a des passages que je fais en diagonal (mais ça, ce n'est pas de ton fait).
    Donc : A quand le suite ?

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    1. Oui je vais changer celà... Pour les saut, dans les meilleurs romans je le fais aussi... La suite sera éditer tous les dimanches si ça te dit!

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