Trahisons et complications
Thomasine remonta l’escalier quatre à quatre et revint dans
sa chambre juste à temps pour voir par la fenêtre la voiture familiale du père
de Garance tourner au bout de la rue et s'engager dans l’allée. Ça
faisait huit ans qu’elles ne s’étaient pas revues, mais elles avaient gardées
contact grâce à Internet, le courrier et le téléphone. Le chemisier très
« in » de Garance était visible à 800 mètres à la ronde par sa couleur
jaune fluo et contrastait avec le T-Shirt de Thomasine.
Elle attrapa Siméon le chat qui avait bien grandi et
dévala les escaliers pour sauter dans les bras de son amie.
Les retrouvailles furent
longues. Garance était venue passer tout un week-end chez Thomasine et dimanche,
elle fêterait toutes les deux leurs 13 ans en allant voir le feu d’artifice du
14 juillet dans le village d’à coté. La maman de Thomasine avait même promis
que si elle étaient sages, alors elles auraient le droit de d’aller faire un
tour toutes les deux à la fête foraine le dimanche après-midi.
Le samedi passa rapidement, elles se contentèrent de faire
des activités manuelles ou des allers-retours dans la piscine du jardin.
La fin de la journée
approchant, les filles décidèrent de dormir dans la pelouse pour plus
d’intimité. Le père de Thomasine rechigna un peu, mais se retrouva à court
d’argument devant le sourire enjôleur de sa fille. Il sortit la vieille tente
quechua qui n’avait jamais servie, puis l’installa sous les fenêtres de la chambre
parentale.
Une fois la tente plantée, les filles se
ruèrent dedans pour commencer une longue nuit de chamaillerie et de
confidences. L’obscurité commençait à envahir la tente, l’air se
rafraîchissait. Déjà les lampadaires de la rue s’éclairaient
Garance en profitait pour
fermer totalement la tente afin de rentrer définitivement dans la période des
confidences. Après une bonne heure à parler des garçons, le visage de
Garance se referma. Thomasine s’en rendit compte rapidement. Très vite elle
l’interrogea.
- Garance, ça va, tu as des
problèmes ?
- Tom, tu sais je ne t’ai jamais posé la
question parce que je me disais qu’il y avait peut-être des gens qui pourraient
lire ou écouter ce qu’on disait mais…
Il y eu un bref silence
pendant lequel Thomasine eut un sourire. Elle voyait mal quel adulte pouvait
bien vouloir épier la conversation de deux ados de treize ans.
-… Mais je me souviens de
notre dernier jour de maternelle.
Sans qu’elle n’y prenne garde Thomasine sentit le serpent de
l’angoisse refaire son nid au creux de son estomac… Elle commençait à avoir
froid malgrè la soirée estivale qui s’offrait à elles. Elle cherchait déjà ses
mots.
- Moi aussi je m’en souviens.
On n’était pas aller au cirque
- Arrête Tom… Tu sais de quoi
je parle…
- Tu sais, parfois on
s’invente des trucs quand on est petit.
Thomasine fut elle-même
surprise du ton qu’elle venait d’employer. Elle reprenait sans vraiment le
vouloir les mensonges de sa mère
- Tom… Tu parles à ta plus
vieille copine… à celle qui t’a soutenu ce jour-là… Huit ans plus tard, j’ai
quand même le droit de savoir ce qu’il s’est passé non ?
Thomasine percevait une
pointe de colère dans le discours de son amie. Mais ça faisait maintenant huit
ans qu’elle faisait semblant de ne rien percevoir chez Garance. Pourtant elle
savait déjà que les dix prochaines minutes seraient plus dures à tenir que les huit années
précédentes…
- Garance…
- Non ! Tom ! je
veux qu’on en parle et tu ne t’échapperas pas une fois de plus par des
pirouettes improbables !!!
D’ou tenait-elle ce discours d’adulte ??? Les
mots de Garance semblaient atterrir lettres par lettres dans son estomac et
offrir les victuailles suffisantes aux serpents qui se faisait une joie de
s’installer. Malgré la pénombre, Elle devinait un visage déformé par la rage.
Mais quoi dire ? Thomasine ne savait pas qui trahir ? Sa famille qui
ne lui disait rien mais affirmait que si elle parlait un terrible malheur
s’abattrait sur la famille ou son amie qu’elle allait perdre si la vérité
n’explosait pas en cette soirée de juillet…
- JE PEUX PAS !!!!
- Quoi ?
- Je n’ai pas le droit d’en
parler… Et puis te parler de quoi ???? Ma mère elle-même ne veut pas m’en
parler !!! Je suis une magicienne dont la baguette magique a été
confisquée !!!! J’EN PEUX PLUS DE CETTE
HISTOIRE GARANCE !!!! J’EN PEUX PLUS !!!!!
De grosses larmes coulaient sur le visage de
Thomasine tandis que Garance était prostrée sur son sac de couchage qui lui servait de
lit. Elle n’avait jamais vu son amie dans un tel état.
La porte du jardin s’ouvrit
de toute volée. Les filles restaient pétrifier par cette inquisition dans leur
espace privé que représentait le pas de sa mère dans les graviers du jardin. La
fermeture éclaire se releva d’un coup et chacune fut aveuglées par la lumière
blanche de la lampe de poche de Madame Bastille.
- Qu’est-ce qu’il se passe
ici ?
- Rien maman… Rien…
Mais la colère montait chez Garance. Personne
n’allait donc lui expliquer ce qu’il se passait dans cette maison ???
Pourquoi Thomasine semblait-elle si malheureuse ? Pourquoi ne pouvait-elle
rien dire ? Pourquoi ne savait elle rien ????
- Si il y a Madame !!! Il
y a !!!! Je me souviens de cette dernière journée de maternelle où l’on
devait aller au cirque
- Quoi ?
Un uppercut n’aurait pas
plus assommé Philomène.
- Les prédictions de Tom, les
enfants qui pleuraient, le cirque annulé… Et l’accident…
- Bon… De quoi me parles-tu
Garance ?
L’angoisse était déjà perceptible chez l’adulte et
la jeune fille tenait bon. Thomasine interdite, attendait la suite des
événements.
- DE QUOI JE
PARLE ????? JE PARLES DE VOTRE FILLE
QUI EST MALHEUREUSE, QUI ME MENT DEPUIS 8 ANS, QUE JE FAIS SEMBLANT DE CROIRE,
JE PARLE DE SA PREDITION UN MATIN DE JUIN, JE PARLES DE TOUTES CELLES QUI ONT
SUIVIE, JE PARLE DE…
- STOP !!!!! Je crois
qu’il vaudrait mieux que tu rentres Garance…
Les jeunes se regardaient
avec beaucoup d’incompréhension
- Maintenant ? demanda
Thomasine
- À la première heure demain
matin…
- Mais maman…
- Il n’y a pas de « mais
maman ». C’est comme ça…
Calmement Thomasine s’extirpa de sa tente alors que
sa mère faisait déjà demi-tour en direction de la maison.
- Maman ! C’est quoi ce
secret hein ? Qu ‘est-ce qui puisse être si dangereux pour m’empêcher
de grandir ? pour me couper des gens que j’aime, de connaître ma famille et
mon histoire ? Qu’est-ce qui te fait si peur ?
Sa mère ne répondit pas.
Ce que Thomasine ne voyait pas, c’était les grosses
larmes qui coulaient sur les joues de sa mère.
Bon ben je vais te décevoir, j'ai envie de savoir la suite...
RépondreSupprimerC'est moi ou c'est court là? La suite s'il te plaît :)
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