dimanche 13 janvier 2013

Chapitre III: Trahison et complications


Trahisons et complications


         Thomasine remonta l’escalier quatre à quatre et revint dans sa chambre juste à temps pour voir par la fenêtre la voiture familiale du père de Garance tourner au bout de la rue et s'engager dans l’allée. Ça faisait huit ans qu’elles ne s’étaient pas revues, mais elles avaient gardées contact grâce à Internet, le courrier et le téléphone. Le chemisier très « in » de Garance était visible à 800 mètres à la ronde par sa couleur jaune fluo et contrastait avec le T-Shirt de Thomasine.
         Elle attrapa Siméon le chat qui avait bien grandi et dévala les escaliers pour sauter dans les bras de son amie. 

Les retrouvailles furent longues. Garance était venue passer tout un week-end chez Thomasine et dimanche, elle fêterait toutes les deux leurs 13 ans en allant voir le feu d’artifice du 14 juillet dans le village d’à coté. La maman de Thomasine avait même promis que si elle étaient sages, alors elles auraient le droit de d’aller faire un tour toutes les deux à la fête foraine le dimanche après-midi.
         Le samedi passa rapidement, elles se contentèrent de faire des activités manuelles ou des allers-retours dans la piscine du jardin.


La fin de la journée approchant, les filles décidèrent de dormir dans la pelouse pour plus d’intimité. Le père de Thomasine rechigna un peu, mais se retrouva à court d’argument devant le sourire enjôleur de sa fille. Il sortit la vieille tente quechua qui n’avait jamais servie, puis l’installa sous les fenêtres de la chambre parentale.
 Une fois la tente plantée, les filles se ruèrent dedans pour commencer une longue nuit de chamaillerie et de confidences. L’obscurité commençait à envahir la tente, l’air se rafraîchissait. Déjà les lampadaires de la rue s’éclairaient
Garance en profitait pour fermer totalement la tente afin de rentrer définitivement dans la période des confidences. Après une bonne heure à parler des garçons, le visage de Garance se referma. Thomasine s’en rendit compte rapidement. Très vite elle l’interrogea.

-       Garance, ça va, tu as des problèmes ?
-  Tom, tu sais je ne t’ai jamais posé la question parce que je me disais qu’il y avait peut-être des gens qui pourraient lire ou écouter ce qu’on disait mais…

Il y eu un bref silence pendant lequel Thomasine eut un sourire. Elle voyait mal quel adulte pouvait bien vouloir épier la conversation de deux ados de treize ans.
-… Mais je me souviens de notre dernier jour de maternelle.

     Sans qu’elle n’y prenne garde Thomasine sentit le serpent de l’angoisse refaire son nid au creux de son estomac… Elle commençait à avoir froid malgrè la soirée estivale qui s’offrait à elles. Elle cherchait déjà ses mots.

-       Moi aussi je m’en souviens. On n’était pas aller au cirque
-       Arrête Tom… Tu sais de quoi je parle…
-       Tu sais, parfois on s’invente des trucs quand on est petit.
Thomasine fut elle-même surprise du ton qu’elle venait d’employer. Elle reprenait sans vraiment le vouloir les mensonges de sa mère
-       Tom… Tu parles à ta plus vieille copine… à celle qui t’a soutenu ce jour-là… Huit ans plus tard, j’ai quand même le droit de savoir ce qu’il s’est passé non ?

Thomasine percevait une pointe de colère dans le discours de son amie. Mais ça faisait maintenant huit ans qu’elle faisait semblant de ne rien percevoir chez Garance. Pourtant elle savait déjà que les dix prochaines minutes seraient  plus dures à tenir que les huit années précédentes…

-       Garance…
-       Non ! Tom ! je veux qu’on en parle et tu ne t’échapperas pas une fois de plus par des pirouettes improbables !!!

D’ou tenait-elle ce discours d’adulte ??? Les mots de Garance semblaient atterrir lettres par lettres dans son estomac et offrir les victuailles suffisantes aux serpents qui se faisait une joie de s’installer. Malgré la pénombre, Elle devinait un visage déformé par la rage. Mais quoi dire ? Thomasine ne savait pas qui trahir ? Sa famille qui ne lui disait rien mais affirmait que si elle parlait un terrible malheur s’abattrait sur la famille ou son amie qu’elle allait perdre si la vérité n’explosait pas en cette soirée de juillet…

-       JE PEUX PAS !!!!
-       Quoi ?
-       Je n’ai pas le droit d’en parler… Et puis te parler de quoi ???? Ma mère elle-même ne veut pas m’en parler !!! Je suis une magicienne dont la baguette magique a été confisquée !!!!  J’EN PEUX PLUS DE CETTE HISTOIRE GARANCE !!!! J’EN PEUX PLUS !!!!!

De grosses larmes coulaient sur le visage de Thomasine tandis que Garance était prostrée sur son sac de couchage qui lui servait de lit. Elle n’avait jamais vu son amie dans un tel état.

La porte du jardin s’ouvrit de toute volée. Les filles restaient pétrifier par cette inquisition dans leur espace privé que représentait le pas de sa mère dans les graviers du jardin. La fermeture éclaire se releva d’un coup et chacune fut aveuglées par la lumière blanche de la lampe de poche de Madame Bastille.

-       Qu’est-ce qu’il se passe ici ?
-       Rien maman… Rien…

Mais la colère montait chez Garance. Personne n’allait donc lui expliquer ce qu’il se passait dans cette maison ??? Pourquoi Thomasine semblait-elle si malheureuse ? Pourquoi ne pouvait-elle rien dire ? Pourquoi ne savait elle rien ????

-       Si il y a Madame !!! Il y a !!!! Je me souviens de cette dernière journée de maternelle où l’on devait aller au cirque
-       Quoi ?
Un uppercut n’aurait pas plus assommé Philomène.
-       Les prédictions de Tom, les enfants qui pleuraient, le cirque annulé… Et l’accident…
-       Bon… De quoi me parles-tu Garance ?

L’angoisse était déjà perceptible chez l’adulte et la jeune fille tenait bon. Thomasine interdite, attendait la suite des événements.

-       DE QUOI JE PARLE ?????  JE PARLES DE VOTRE FILLE QUI EST MALHEUREUSE, QUI ME MENT DEPUIS 8 ANS, QUE JE FAIS SEMBLANT DE CROIRE, JE PARLE DE SA PREDITION UN MATIN DE JUIN, JE PARLES DE TOUTES CELLES QUI ONT SUIVIE, JE PARLE DE…
-       STOP !!!!! Je crois qu’il vaudrait mieux que tu rentres Garance…
Les jeunes se regardaient avec beaucoup d’incompréhension
-       Maintenant ? demanda Thomasine
-       À la première heure demain matin…
-       Mais maman…
-       Il n’y a pas de « mais maman ». C’est comme ça…
Calmement Thomasine s’extirpa de sa tente alors que sa mère faisait déjà demi-tour en direction de la maison.
-       Maman ! C’est quoi ce secret hein ? Qu ‘est-ce qui puisse être si dangereux pour m’empêcher de grandir ? pour me couper des gens que j’aime, de connaître ma famille et mon histoire ? Qu’est-ce qui te fait si peur ?

Sa mère ne répondit pas.
Ce que Thomasine ne voyait pas, c’était les grosses larmes qui coulaient sur les joues de sa mère.

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